août 03, 2017



Extrait titré : Tous les problèmes sont une illusion du mental


Extrait du livre : Pouvoir du moment présent - de Eckhart Tolle
Paru aux éditions Arianes en 2000. Pages 60, 61, 62



Votre vie, c'est l'instant présent.
Vos conditions de vie sont le produit du mental. Votre vie est réelle.

Trouvez le « passage étroit qui vous conduit à la vie ». On l'appelle l’instant présent. Ramenez votre vie au moment présent. Vos conditions de vie sont peut-être très problématiques, ce qui est le cas de la plupart des gens, mais essayez de voir si vous avez un problème en ce moment même. Pas demain ni dans dix minutes, mais maintenant. Avez-vous un problème maintenant?

Lorsque vous êtes envahi par les problèmes, il ne reste aucune place pour la nouveauté ou les solutions. Alors, chaque fois que vous le pouvez, faites un peu de place à tout cela et vous trouverez votre vie qui se cache derrière vos conditions de vie.
Utilisez pleinement vos sens. Soyez véritablement là ou vous êtes. Regardez autour de vous. Simplement, sans interpréter. Voyez la lumière, les formes, les couleurs, les textures. Soyez conscient de la présence silencieuse de chaque objet, de l'espace qui permet à chaque chose d'être. Ecoutez les bruits sans les juger. Entendez le silence qui les anime. Touchez quelque chose, n'importe quoi, et sentez et reconnaissez son essence. Observez le rythme de votre respiration. Sentez l'air qui entre et qui sort de vos poumons, sentez l'énergie de vie qui circule dans votre corps.

Laissez chaque chose être, au-dedans comme au-dehors. Reconnaissez en chaque chose son« être-là ». Plongez totalement dans le présent.
De la sorte, vous laissez derrière vous le monde assourdissant de l'abstraction mentale, du temps. Vous sortez de la folie de ce mental qui vous dépouille de votre énergie vitale et qui empoisonne et détruit la Terre. Vous sortez du rêve qu'est le temps pour arriver dans le présent.

J'ai l'impression qu'un lourd fardeau vient de m'être retiré des épaules. J'ai une sensation de légèreté. Je me sens l’esprit clair... mais mes problèmes m'attendent toujours, n'est-ce pas ? Ils n'ont pas été résolus. Est-ce que je ne suis pas temporairement en train de les fuir?

Même si vous vous retrouviez au paradis, cela ne prendrait pas de temps avant que votre mental dise « oui, mais... ». En fin de compte, ceci n'a rien à voir avec la résolution de vos problèmes.
Cela concerne la prise de conscience qu'il n'y a aucun problème. Il y a seulement des situations dont il faut soit s'occuper dans le moment présent, soit laisser telles quelles et accepter comme faisant partie de « l'être-là » du moment jusqu'a ce qu'elles changent ou qu'on puisse s'en occuper. Les problèmes sont une fiction du mental et ils ont besoin du temps pour se perpétuer. Ils ne peuvent survivre dans la réalité de l'instant présent.
Fixez votre attention sur le présent et dites-moi quel est votre problème maintenant.

Je n'obtiens aucune réponse de votre part parce qu'il est impossible d'avoir un problème lorsque votre attention est totalement dans le présent. Une situation a besoin d'être acceptée telle quelle ou d'être solutionnée. Bon. Pourquoi en faire un problème ?
Pourquoi faire de quoi que ce soit un problème ? La vie ne vous met-elle pas suffisamment au défi comme ça? A quoi vous servent les difficultés ? Inconsciemment, le mental les adore parce qu'ils vous confèrent, disons, une sorte d'identité. Ceci est la norme mais c'est de la folie. Avoir un problème veut dire que vous vous appesantissez mentalement sur une situation sans qu'il y ait une véritable  intention ou  possibilité de passer immédiatement à l'action et que vous l'assimilez au sens que vous avez de votre identité personnelle. Vous êtes tellement pris par vos conditions de vie que vous perdez le sens même de votre vie, de votre Etre. Ou bien vous entretenez mentalement le fardeau malsain de la centaine de choses que vous ferez peut-être ou pas dans le futur au lieu de fixer votre attention sur « la » chose que vous pouvez faire maintenant.

Quand vous créez un problème, vous créez de la souffrance. Tout ce qu'il faut, c'est simplement faire un choix, prendre une décision. C'est se dire, quoi qu'il arrive : « je ne me créerai plus de souffrance. Je ne me créerai plus de difficultés ». Même s'il s'agit d'un choix simple, celui-ci est aussi très radical. Vous ne pourrez faire ce choix à moins d'en avoir vraiment ras le bol, d'en avoir vraiment assez. Et vous ne pourrez pas passer à travers si vous ne réussissez pas à accéder au pouvoir du moment présent. Si vous arrêtez de vous faire souffrir, vous arrêtez également de faire souffrir les autres, de polluer notre belle planète Terre, votre espace intérieur et la psychè humaine collective avec la négativité inhérente à la création de tout problème.

Si vous vous êtes déjà trouvé dans une situation de vie ou de mort, vous savez que celle-ci n'était pas un problème. En fait, le mental n'a pas eu le temps de tergiverser et d'en faire un problème. En cas de véritable urgence, le mental fige et vous devenez totalement disponible au moment présent. Alors, quelque chose d'infiniment plus puissant prend la relève. C'est pour cette raison que l'on entend souvent parler de gens ordinaires soudainement devenus  capables  d'incroyables  actes de courage. En situation d'urgence, vous survivez ou pas. D'une façon comme d'une autre, ce n'est pas un problème.

Certaines personnes se mettent en colère lorsqu'elles m'entendent dire que les problèmes sont des illusions. Je représente une menace, car je pourrais leur subtiliser le sens de leur identité. Elles ont investi beaucoup de temps à créer cette fausse identité. Pendant des années, elles l'ont inconsciemment définie en fonction de leurs problèmes ou de leur souffrance. Qui seraient-elles sans cela ?

En réalité, ce que les gens disent, pensent ou font est en grande partie motivé par la peur. Et cette peur provient du fait que leur attention est fixée sur le futur et qu'ils ne sont pas en contact avec le moment présent. Comme il n'y a pas de problèmes dans le présent, il n'y a pas non plus de peur.
Si une situation se présentait et que vous deviez composer avec elle dans l'immédiat, le geste que vous poseriez serait net et percutant s'il naissait de la conscience du moment présent. Il risquerait aussi d'être plus efficace. Ce ne serait pas un geste réactif résultant du conditionnement de votre mental, mais plutôt un geste répondant intuitivement à la situation. A d'autres occasions, lorsque le mental et le temps psychologique voudront réagir, vous remarquerez qu'il vaut mieux ne rien faire et rester seulement centré dans le présent.

Lecture du texte sur You Tube : https://youtu.be/nDbkZ4bDxnk

juillet 14, 2017


Extrait titré : Conscience de l'Etre essentiel et fin de la souffrance

Extrait du livre : Pratique de la Voie intérieure - de Karl Graf Dürckheim
Paru aux éditions du livre en 1968. Pages 13, 14.


La conscience du “Moi-je” brise l'unité de la vie, qui est au-delà de l'espace et du temps. II en résulte une dualité intérieure. D’une part, un monde « historique » : nos évènements de vie spatio-temporels accessibles à l'exploration et à la maitrise ; d’autre part un monde intérieur : l’Etre « essentiel » qui lui, se dérobe à toute compréhension rationnelle.

L’homme vit ainsi tendu entre deux  réalités. La première, sa réalité existentielle gouverné par le “petit moi-je”. Cette réalité le limite, le menace, le tente, l'appelle à servir dans des cadres bien organisés. La seconde, sa réalité « essentielle authentique » le Soi. Cette réalité se cache dans le secret de son Etre individuel authentique et lui fait parfois ressentir comme une nostalgie profonde. Cette réalité le « presse ». C’est elle qui cherche à le rendre conscient. C’est elle aussi qui, à travers tous les obstacles de l'existence, l’appelle pour l'amener au service du divin.
Pour affronter le monde, pour maitriser son existence, l’homme doit acquérir un premier savoir, celui concernant  les  conditions de son état existentiel. Pour devenir un homme complet, il doit aussi acquérir un autre savoir, celui concernant son Etre authentique. Car ce n'est qu'alors qu'il répondra, conscient et libre, à ses appels. Pourtant, en vertu de la loi de son développement, l'homme favorise d'abord les forces utiles à son pouvoir dans l'existence. C’est une prise de conscience rétrécie du monde. Il reste centré sur une seule volonté : subsister de façon raisonnable et heureuse dans cette vision du monde. Son Etre essentiel, lui, reste voilé.

L'homme est ignorant. Il ignore l’aspiration de son Etre authentique et le  sens  profond  de  sa  vie, qui  est  de manifester l'Etre divin dans l'existence. De l'accomplissement de cette mission dépendra son salut et son véritable bonheur. L'oubli de cette mission, son remplacement par le souci du bien-être existentiel, par la préoccupation de son activité dans le monde et de comment il va répondre aux valeurs du monde plonge l'homme dans une souffrance. Plus l'homme s'imagine avoir réussi, en s’adaptant, à maitriser sa vie extérieure, plus il pense ne rien avoir à se reprocher vis-à-vis du monde, et moins il peut, dans l'immédiat, comprendre la souffrance qui résulte de sa séparation avec son Etre authentique.

Lorsque la souffrance oblige l'homme à regarder enfin vers l'intérieur, à se  confronter avec son Etre, il se  rend compte alors qu'elle ne provient pas du monde, il comprend ce dont il s'agit. Si, à ce moment-là, il ne dévie pas, dans un désir de sécurité extérieure, s’il s'ouvre à la  voix intérieure, il peut brusquement se rendre compte qu'il « s'est manqué » dans son Etre essentiel. Alors il se rappellera peut-être avoir ressenti, à certaines heures, « quelque chose » d'une profondeur inouïe. Il se rappellera peut-être qu'à d'autres moments une conscience plus élevée l'avait appelé et qu'il n'avait pas obéi. Et ainsi se trouve-t-il devant un choix : s'esquiver de nouveau, en étouffant la voix intérieure et demeurer inchangé ; ou bien, amorcer un renouveau, en  suivant cet appel qui  résonne en lui.
Lorsque l'homme s'est ainsi éveille à l'appel  de son Etre essentiel et ne peut plus échapper à cet appel, il se trouve inévitablement tiraillé par les contradictions entre les besoins, les tâches, les tentations de l'existence et l'appel intérieur.

Le monde réclame ses droits, sans se soucier de la voix intérieure. L’Etre réclame les siens, sans se soucier des exigences de l'existence. Là réside l'origine des tensions entre les deux pôles de notre état d’être humain. Mais notre condition existentielle et notre appartenance à un Etre essentiel ne sont que les deux pôles d'un seul « Soi »qui tend vers une réalisation. C'est dans ce « Soi » que veut se manifester et se réaliser l'unité de la vie. 

Ainsi, s'agit-il, en définitive d’acquérir un « état d'être » dans lequel l'homme devient de plus en plus obéissant et ouvert à la voix et à la vocation de son Etre essentiel. Et en  même temps, de le manifester au sein de la vie et au sein de son oeuvre dans le monde. Cela signifie : vivre le quotidien comme « exercice ». C'est-à-dire non pas comme un entrainement à l'efficacité existentielle, mais comme exercice intérieur. Autrement dit, vivre le quotidien comme pratique de la Voie Intérieure.

Lecture du texte sur You Tube : https://www.youtube.com/watch?v=fUQCdPjuXjs